Niah Juella McLeod déploie un langage visuel symbolique, à la fois codifié, organique et vibrant, qui forme le socle essentiel de son expression artistique. Par ce vocabulaire plastique unique, elle tisse des récits mêlant mémoire intime et histoires collectives, faisant vibrer dans chacune de ses œuvres l’empreinte du territoire, l’héritage spirituel aborigène et l’expérience vécue.
La série Bana Gugaa Waraawara de Niah Juella McLeod est profondément enracinée dans le territoire et la mémoire familiale. Son titre, que l’on peut traduire par « Pluie sur l’écorce filandreuse avec ligne de pêche », invite à plonger dans une scène à la fois sensorielle et émotionnelle, ancrée dans les paysages humides de la côte sud-est australienne, là où pousse l’eucalyptus capitellata, surnommé Stringy bark pour la fibre caractéristique de son écorce. Sous la pluie, protégée par la majesté des grands eucalyptus, l’artiste évoque les souvenirs de pêche partagés avec son grand-père. L’air y est saturé d’humidité, imprégné de la puissante odeur de l’eucalyptus mêlée à celle de la terre mouillée.
Niah représente la pluie qui ruisselle sur les troncs d’eucalyptus, conjuguant poésie et sensations. À l’aide d’une pipette ou d’une épine d’échidné, elle trace des lignes fluides et sinueuses, rappelant à la fois le ruissellement de la pluie sur l’écorce et les méandres de la mémoire. Les reflets irisés de la peinture renforcent la sensation de mouvement et de lumière filtrée par la canopée, insufflant à l’œuvre une vibration quasi vivante.