Niah utilise un langage symbolique visuel, à la fois codifié et vivant, qui constitue l’un des fondements de son approche stylistique. Ce langage permet à Niah de transmettre des récits à la fois personnels et collectifs, et de faire résonner, dans chaque oeuvre, la mémoire du territoire, l’héritage spirituel et l’expérience vécue.
Bana signifie la pluie, qu’elle évoque par de fine lignes, parfois ondulées, suggérant le ruissellement.
Gugaa désigne à la fois les cernes du stringy bark représentés par des cercles concentriques, et la texture de son écorce fibreuse.
Waraawara correspond à une ligne de pêche, figurée par une ligne épaisse, parfois tendue, parfois sinueuse.
Dans cette œuvre, Niah raconte des souvenirs liés à son grand-père non Aborigène, qui tenait une école de pêche à la mouche à Jindabyne, en territoire Monaro : « C’est grâce à lui que je garde tant de souvenirs de cette région. Le Stringy bark est notre arbre emblématique, un arbre profondément important pour notre communauté Yuin. » Elle poursuit : « C’est une variété d’eucalyptus. C’est un peu comme pêcher au coeur des forêts d’eucalyptus, là où mon grand-père dirigeait une école de pêche à la mouche. Chaque printemps, nous y allions pour apprendre ou simplement essayer. » Sans le savoir, son grand-père maternel s’était installé exactement sur les terres aborigènes d’où venait le père de Niah. Ainsi, Bana Gugaa Waraawara dépasse la simple remémoration d’un moment vécu. L’oeuvre devient un espace de résonance entre histoire familiale, geste artistique et cosmologie aborigène. À travers cette série, Niah Juella McLeod nous invite à ralentir, à ressentir, et à réapprendre à voir le monde à travers une sensibilité profonde, héritée de la terre.