Alick TIPOTI

Kisay Dhangal , 2015

Art : Aborigène
Origine : Badu Island
Dimensions : 60 x 180 x 200 cm
Medium : Bronze avec incrustation de nacre
Prix : Nous contacter / contact us
N° : 3086
Cette sculpture en bronze et nacre monumentale représente un dugong nageant au clair de lune. L'animal est représenté à l'instant où il recourbe la queue pour plonger et rejoindre les herbiers marins, son garde-manger. Kisay Dhangal incarne la puissance dynamique et l'agilité qui font du dugong l'une des plus belles espèces marines menacées au monde. En ce sens, les motifs gravés sur le corps du dugong évoquent la destruction des herbiers marins, principalement causée par les grands navires qui chassent ce mammifère, ainsi que d'autres espèces, des prairies sousmarines essentielles à leur survie. Ce message écologique se mêle intimement aux entrelacs des motifs traditionnels, dépositaires de tout un héritage culturel et de précieuses connaissances relatives aux dugongs et à leur habitat naturel.Kisay Dhangal met en scène une traînée de poussière (marine) reliant la queue du dugong à la lune. Elle symbolise l'influence déterminante des cycles lunaires sur les habitudes alimentaires et la reproduction des dugongs. Dans la cosmologie des îles du détroit de Torres, Kisay (la lune) est l'une des forces les plus fondamentales et chargées de force poétique. Tipoti décrit ainsi comment une amulette de chasse en forme de dugong symbolise la relation du mammifère à la lune, tout en orientant la stratégie de chasse : « Les chasseurs avaient pour habitude d'évider le dos d'une amulette de bois en forme de dugong, à la manière d'un petit canoë. Ils y plaçaient ensuite des ossements ancestraux et des échantillons d'herbiers marins récupérés dans la gueule d'un dugong précédemment tué. Lorsque la lumière de la lune éclaire l'amulette, le chasseur armé de son harpon (le wap) entonne une prière sacrée qui attire le dugong vers la plate-forme de chasse (la nath). Lorsque la lune est absente, le chasseur utilise un chant différent invoquant la phosphorescence qui émane du dugong lorsqu'il expire sous l'eau. Cette phosphorescence permet aux chasseurs d'identifier sur le corps du mammifère l'emplacement exact où le harpon doit être planté. »Le Gapu (poisson-pilote de type Rémora) que l'on retrouve collé sur le dugong de la sculpture représente la préservation de l'écologie marine à travers les histoires traditionnelles et les arts. Le Gapu jouait un rôle important dans les techniques de pêche au dugong (Dhangal) ou à la tortue (Waru) de la région du Maluyligal. La queue du Gapu était attachée au bout d'une cordelette constituée de fibres de noix de coco. Une fois le poisson relâché, celui-ci rejoignait les zones où les dugongs se nourrissaient. Le Gapu se fixait sur le dugong, et les chasseurs installés dans les canoës n'avaient plus qu'à se laisser tracter. Lorsque la cordelette s'effilochait, les chasseurs savaient qu'il était temps de lancer leurs harpons. Au sein de la communauté d'Alick Tipoti, les dugongs sont sacrés et plusieurs clans s'identifient à ce totem. L'huile de dugong (graisse fondue) est utilisée dans la médecine traditionnelle et la viande constitue une source importante de protéines.Alick Tipoti a réalisé cette sculpture en collaboration avec la société Urban Art Projects (UAP), basée à Brisbane. Une équipe d'artisans de l'UAP a travaillé aux côtés de l'artiste pour façonner l'oeuvre d'art et orner sa surface de bronze de motifs gravés.L'UAP a également assisté Tipoti dans la réalisation de sa sculpture de 2008 intitulée Adhaz Parw Ngoedhe Buk, qui fait maintenant partie de la collection de la National Gallery of Australia.Voir la vidéo de la création de cette oeuvre