Australie : la défense des océans. L'art des ghostnets

HORS LES MURS/ GENEVE

08 novembre 2017 - 12 janvier 2018

Une catastrophe environnementale sévit dans l’hémisphère sud, causée par des filets de pêche abandonnés ou perdus appelés «  ghost nets » en anglais ou « filets fantômes ». Entraînés par les courants marins et les alizés, ces filets dérivants de plusieurs kilomètres de long s’accumulent notamment au nord-est de l’Australie, le long des rivages de l’état du Queensland, autour des îles du détroit de Torrès et jusqu’à la Grande Barrière de Corail.

Très résistants, ces filets fantômes piègent et tuent pendant des années une faune marine déjà fragilisée, endommageant fonds marins et récifs coralliens. Ces filets mettent aussi en péril les cultures plurimillénaires des peuples vivant dans ces régions. En effet, nombre de ces espèces décimées ont une valeur totémique. Elles sont les protagonistes de récits mythiques qui définissent non seulement le territoire, mais également le monde dans son intégralité : les hommes, leurs règles de vie, les espèces animales et végétales, les rapports de parenté, etc. Si ces espèces venaient à périr, ce sont les fondations mêmes de ces cultures qui disparaîtraient. Préoccupé par ce drame écologique et humain, « un groupe de chercheurs, de rangers (gardes littoraux autochtones), de bénévoles et d’artistes [australiens] s’est mobilisé [en 2004] (…) en association sous le nom de GhostNets Australia (GNA), et a travaillé à l’identification, au retrait et à la valorisation des filets récupérés »*. Leurs concertations se sont traduites notamment par la création de sculptures, donnant naissance à un véritable mouvement artistique, celui des « sculptures en ghostnet ». Porteuses d’un message fort pour l’environnement et la défense des cultures des peuples de la mer, ces œuvres éblouissent tant par leur stature que par leur poésie.  

* Géraldine Le Roux, « L’art des ghostnets. Vingt mille filets autour de la mer », Editions Arts d’Australie • Stéphane Jacob, Paris, 2016, p.11