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L'ART AUSTRALIEN |
L'art aborigène australien en Terre d'Arnhem orientale. |
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Les principales communautés artistiques aborigènes :
histoire, style, artistes |
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Située entre l'île de Galiwinku (Elcho Island) et Yirrkala au Nord-Est et tout le long de la côte descendant vers le sud, cette région est célèbre pour ses peintures sur écorces dont on dit que la technique a été transmise aux Aborigènes des premiers temps par les Esprits Mimih eux-mêmes – ces divinités des airs vivant dans les grottes de la côte dont elles ont couvert les parois de leur propre représentation longiligne.
D'abord connues des seuls missionnaires installés en Terre d'Arnhem puis des anthropologues, ces œuvres retinrent dès l'entre-deux guerres l'attention des artistes occidentaux comme André Breton qui en possédait dans sa collection et leur consacra en 1962 une étude "Main première" qui servit de préface à l'ouvrage du grand découvreur de cette culture, Karel Kupka : Un Art à l'état brut (Lausanne, éd. Clairefontaine, 1962). Cette étude qui insiste sur "l'acte créateur" au sein plein que constitue la réalisation de ces oeuvres est d'ailleurs reprise dans le recueil Perspective cavalière(Paris, Gallimard, coll. "L'Imaginaire", 1970).
Comme dans toute la Terre d'Arnhem, ces peintures jouent encore un rôle important dans les cérémonies religieuses héritées du Temps du Rêve : évoquant la geste des Grands Ancêtres, elles servent en effet de support à la transmission des secrets que les initiés se transmettent : comment le monde fut créé ; comment cette création se poursuit de saison en saison ; comment se transmettent ses mystères très souvent symbolisés par la mise en scène des actes d'avaler et de régurgiter. En outre, décorées de dhulang (nom que porte les rarrk dans cette partie de la Terre d'Arnhem) elles tirent de ces motifs hachurés à valeur clanique l'énergie qu'ils symbolisent et, de ce point de vue, constituent des objets proprement magiques.
Du point de vue des scènes représentées, les peintures sur écorce de la Terre d'Arnhem orientale privilégient, par opposition au style figuratif de la Terre d'Arnhem centrale et occidentale, le style abstrait propre aux écorces rituelles : motifs géométriques évoquant le feu primitif ou le sac et le ressac de la mer alternent avec les hachures rituelles. Mais les sujets figuratifs ne sont pas totalement exclus car, du point de vue aborigène, ils permettent de désacraliser des œuvres qui, uniquement décorées de motifs géométriques, n'auraient pu être montrées à des non-initiés. Ces motifs figuratifs se caractérisent bien sûr par le style dit aux "rayons X" qui révèlent l'intérieur des corps représentés. Ce sont, avant tout, ceux de Grands Ancêtres comme les Sœurs Wagilag, divinités des eaux douces, ou les deux sœurs et le frère Djang'kanu, créateurs de la faune marine, règnent sur les eaux salées. Mais, il peut aussi s'agir d'animaux sacrés, terrestres (oiseaux, kangourous, varans) et marins (veaux de mer, requin, crustacés) - souvenir du temps où, il y a 10000 ans, le niveau de la mer s'est élevé, pénétrant dans les vallées côtières où vivaient les Aborigènes et où leur mythologie "terrienne" intégra ces nouveaux éléments aquatiques. Bien sûr, la flore a aussi sa place dans l'iconographie de cette région : igname, fleurs, fougères, eucalyptus. Signalons enfin le rôle qu'y joue et le feu et l'eau et, plus étonnant, le miel, honoré au même titre que les autres Grands Ancêtres des tribus aborigènes.
L'art de cette partie de la Terre d'Arnhem ne se limite cependant pas à la peinture sur écorce : la gravure (sur linoleum) est aussi pratiquée et maints artistes réalisent des sculptures imitant des objets rituels (Grands Ancêtres, tortues totémiques au long cou, troncs funéraires décorés des mêmes motifs que les écorces à l'aide de pigments naturels).
LES ARTISTES ABORIGÈNES de la TERRE d'ARNHEM ORIENTALE
Connue grâce à la communauté de Yirrkala (ancienne mission méthodiste fondée en 1934) qui regroupe près de 300 artistes, la peinture sur écorce de cette région est connue depuis les années 1960 quand les Aborigènes Yonglu adressèrent au gouvernement fédéral une pétition pour défendre leur droits contre les entreprises des sociétés minières voulant s'installer sur leurs sites rituels. Cette pétition était en effet fixée sur une écorce peinte. Si les principaux peintres sont des hommes (comme Yanggarriny Wunungmurra), la culture Yonglu d'essence masculine s'est ouverte aux femmes qui telles les trois filles de Mawalan Marika ou l'épouse de Yalpi Yunipingu ont contribué à renouveler l'inspiration de cette communauté.
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Située au sud est de la Terre d'Arnhem, sur la rivière Roper, à la frontière avec les Territoires du Nord, Ngukurr est le nom aborigène donné en 1968 à une ancienne mission anglicane fondée en 1908 et où vit désormais une communauté d'environ 1000 personnes parmi lesquelles une trentaine d'artistes.
Tout en étant située dans une région célèbre pour sa production de peintures sur écorces (la communauté de Groote Eyalet n'est pas très éloignée), Ngukurr s'est spécialisée depuis la fin des années 1980 ans la peinture acrylique sur toile dont les possibilités esthétiques attirent des artistes peignant jusque là sur écorce comme Willie Gudabi, Ginger Riley Munduwalawala, ou Djambu Barra Barra.
Cette école est composée de peintres au style très individualisés mais dont les traits communs consistent à mêler approche figurative des sujets (épisodes de la geste des Grands Ancêtres animaux), technique des rayons X faisant apparaître l'ossature et les viscères des animaux sacrés représentés, recours aux hachures typiques de la Terre d'Arnhem et destinées à sacraliser la toile comme ces hachures sacralisaient les écorces qu'elles décoraient. En effet, les peintures de Ngukurr s'inspirent avant tout des cérémonies aborigènes héritées du Temps du Rêve et au cours desquelles les initiés transmettent leurs secrets : comment le monde fut créé ; comment cette création se poursuit de saison en saison ; comment se transmettent ses mystères très souvent symbolisés par la mise en scène des actes d'avaler et de régurgiter. Enfin, les artistes de Ngukurr conçoivent leurs œuvres de véritables narrations sur toiles dont ils dessinent les divers événements, un peu à la manière d'une tapisserie de Bayeux.
C'est ainsi que les toiles de Willie Gudabi reprennent des motifs ornant les grottes de sa région natale tout en y inscrivant des événements contemporains (par exemple des épisodes de la Seconde Guerre mondiale) et que ceux-ci sont présentés sous la forme d'une série de "vignettes" - un peu comme dans une planche de bande dessinée. De son côté , la peinture de Djambu Barra Barra s'inspire des rites funéraires auxquels il a été initié pour représenter ses animaux totémiques : les crocodiles, tantôt dans une palette très sobre héritée des pigments naturels traditionnellement utilisés tantôt en exploitant les ressources offertes par l'acrylique et en peignant ses toiles en des tons rosés ou orangés beaucoup plus originaux.
LES ARTISTES ABORIGÈNES DE NGUKKUR
Aux artistes mentionnés plus haut pour la place qu'ils ont occupée dans la naissance et le développement de Ngukurr (Willie Gudabi, Ginger Riley Munduwalawala, ou Djambu Barra Barra), il convient d'ajouter celui de Moima Samuels, l'épouse de Willie Gudabi et, pour la génération la plus récente de peintres, de Wilfred Ngalandarra, de Barney Ellangaes des sœurs Joshua et d'Amy Johnson Jirwulurr dont les œuvres très colorées et très denses font souvent penser à des tapisseries occidentales. En effet, comme dans beaucoup d'autres communauté aborigène, les femmes occupent aussi une place importante à Ngukurr et participent de la vitalité de cette communauté en y apportant des points de vue originaux.
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Quelques références :
Musée du Quai Branly, Musée des Confluences à Lyon, Musée d'Art Contemporain les Abattoirs à Toulouse,
Musée de la Musique, Museum d'histoire naturelle de Lille, Musée d'Art et d'Histoire de Rochefort, Musée des Arts d’Afrique et d’Asie de Vichy, Fondation Burkhardt-Felder - Musée La Grange à Môtiers en Suisse, Fondation Electricité de France,
Fondation Colas, Banque Dexia ...
Nous sommes membres de la Chambre Nationale des Experts Spécialisés en Objets d'Art et de Collection (C.N.E.S.)
Nous sommes membres du Comité Professionnel des Galeries d'Art
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