Arts d'Australie - Stephane Jacob, art aborigene
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L'ART AUSTRALIEN

L'art aborigène australien en Terre d'Arnhem Occidentale.
Les principales communautés artistiques aborigènes : histoire, style, artistes
(Cliquez sur la region ou la communauté qui vous intéresse)

Carte des communautés aborigcnes
Peinture aborigène sur écorce
TERRE D'ARNHEM OCCIDENTALE

Située entre la rivière de l'Alligator de l'est à la rivière Liverpool, cette région est célèbre pour ses peintures sur écorces dont on dit que la technique a été transmise aux Aborigènes des premiers temps par les Esprits Mimi eux-mêmes – ces divinités des airs vivant dans les grottes de la côte dont elles ont couvert les parois de leur propre représentation longiligne.
D'abord connues des seuls missionnaires installés en Terre d'Arnhem puis des anthropologues (Baldwin Spencer dès 1912 puis Charles Mounford et Ronald et Catherine Berndt dans les années 1940-50), ces œuvres retinrent dès l'entre-deux guerres l'attention des artistes occidentaux comme André Breton qui en possédait dans sa collection et leur consacra en 1962 une étude "Main première" qui servit de préface à l'ouvrage du grand découvreur de cette culture, Karel Kupka : Un Art à l'état brut (Lausanne, éd. Clairefontaine, 1962). Cette étude qui insiste sur "l'acte créateur" au sein plein que constitue la réalisation de ces oeuvres est d'ailleurs reprise dans le recueil Perspective cavalière(Paris, Gallimard, coll. "L'Imaginaire", 1970)
Généralement réalisées sur un fond monochrome d'ocre naturel, ces peintures jouent depuis toujours un rôle important dans les cérémonies religieuses héritées du Temps du Rêve, telle le Wubarr : évoquant la geste des Grands Ancêtres, elles servent en effet de support à la transmission des secrets que les initiés se transmettent : comment le monde fut créé ; comment cette création se poursuit de saison en saison ; comment se transmettent ses mystères très souvent symbolisés par la mise en scène des actes d'avaler et de régurgiter. En outre, décorées de rarrk, elles tirent de ces motifs l'énergie qu'ils symbolisent et, de ce point de vue, constituent des objets proprement magiques.
Du point de vue des scènes représentées, les peintures sur écorce combinent le plus souvent le style figuratif propre à l'art pariétal et le style abstrait (hachures) propre aux écorces rituelles. Elles se caractérisent également par le style dit aux "rayons X" qui révèlent l'intérieur des corps. Ceux-ci sont ceux des Grands Ancêtres comme Nawura qui enseigna aux hommes l'art de la pêche en eau douce ou Yingarna, la Mère originelle et ses enfants, les femmes poissons Likanaya et Marayka et Ngalyod le Serpent-Python à tête de crocodile. Il peut aussi s'agir d'esprit continuant de vivre au milieu des tribus, esprits tantôt bienfaisants tantôt malfaisants comme les Mimi ou les Warraya – esprits des morts vivant dans les arbres. Ou encore d'animaux familiers de la faune ou de la flore de cette riche région : oiseaux, kangourous, varans, tortues d'eau douce, alligators, veaux de mer, poissons – souvenir du temps où il y a 10000 ans le niveau de la mer s'est élevé, pénétrant dans les vallées côtières où vivaient les Aborigènes et où leur mythologie "terrienne" intégra ces nouveaux éléments aquatiques. ; fleurs, fougères, plantes diverses, eucalyptus, etc.
L'art de cette partie de la Terre d'Arnhem ne se limite cependant pas à la peinture sur écorce : maints artistes réalisent aussi des sculptures inspirées des mêmes figures que celles représentées sur les écorces, en particulier des Esprits Mimi dont les lignes filiformes épousent les branches d'arbre dans lesquelles ils ont été sculptés. Couvertes de motifs rituels rappelant les peintures dont les Aborigènes se couvrent le corps lors de leurs cérémonies religieuses, ces représentations sont également ornées de plumes et tiennent du totem.

LES ARTISTES ABORIGÈNES de la TERRE d'ARNHEM OCCIDENTALE

Si sur le modèle des plus anciens peintres sur écorces, beaucoup d'artistes contemporains restent anonymes, dès les années 1950-60 un certain nombre d'individualités se sont fait reconnaître, issues de l'école de Minjilang, petite île de la côte nord où dans les années 1950-60 plusieurs artistes avaient vécu, tel Jimmy Midjaw Midjaw ou Yrawala qui furent aussi de grands leaders religieux. A la génération suivante, Bruce Nabekeyo ou Robin Nganjmira, peintres formés par le grand Bobby Nganjimira, poursuivirent la tradition d'une peinture mêlant pittoresque figuratif et densité presque expressionniste. Enfin, il faut citer Crusoe Kuningbal, peintre mais aussi sculpteur d'esprits Mimi.

 

Situées à 80 km au Nord de l'Australie, en face de la Terre d'Arnhem occidentale (Parc national de Kakadu), les îles de Bathurst et de Melville sont longtemps restées à l'écart de la vie continentale proprement dite : les premières tentatives d'installation de colons datent des années 1820 et, sans succès, ne reprirent qu'au début de XXe siècle (en 1900, sur Melville ; en 1911 sur Bathurst). Cela explique que la culture des Tiwis, les Aborigènes vivant sur ces deux îles, se distingue de la civilisation aborigène du reste de l'Australie : elle se caractérise en effet par deux cérémonies l'une de fertilité l'autre funéraire qui remontent au Temps du Rêve, quand une vielle femme aveugle Mudungkala naquit de la terre même de Melville. Elle portait trois enfants, ancêtres du peuple tiwi. L'un de ces enfants, Purukuparli épousa une femme nomée Bima dont il eut un fils Jinani. Or, celui-ci, par manque de surveillance de sa mère, mourut déclenchant la colère de Purukuparli contre Bima et son propre frère qui l'avait séduite. Après les avoir maudits, il condamna tous les Tiwis jusque là immortels à connaître désormais la mort et il disparut lui-même dans les eaux de la mer avec le cadavre de son fils. De son côté le père de Bima instaura dans une perspective de purification le premier rite funéraire en l'honneur des défunts : celui-ci consistait dans la confection de poteaux en bois, (ou tutini) sculptés à l'effigie du héros mort, d'armes rituelles et de paniers cérémoniels tressés (ou jimwalini). C'est cette cérémonie toujours pratiquée qui est à l'origine de l'art des Tiwis qui évoquent leurs défunts, leurs grands ancêtres et bien sûr les divinités à l'origine de leur existence par des totems de forme humaine, ou animale (surtout inspirée par les oiseaux marins de la région) ou encore abstraite. Ces poteaux dont certains peuvent atteindre 4 mètres de haut sont peints à l'aide de pigments naturels (ocres, kaolin, charbon) qui dessinent des motifs rituels et claniques (pointillés et système de lignes - pour la base des tutini et le corps des êtres représentés) ou plus réalistes (pour évoquer, le cas échéant, les traits du visage – yeux, barbe, etc.). Parfois ornés de plumes ou de franges en fibres naturelles, parfois aussi percés de "fenêtres" dans lesquelles déposer des offrandes, ces poteaux sont plantés en assez grand nombre (on parle de "forêt") sur la tombe du défunt. Laissés à la merci des intempéries, leur disparition, quand ils seront complètement effrités, marquera la fin de la période de deuil. Initialement conçus dans un cadre exclusivement religieux, ces poteaux sont devenus depuis les années 1960 et tout en gardant leur charge rituelle des objets d'art entrés dans les plus importants musées et fascinant les collectionneurs par leur caractère ésotérique. Ils ont aussi beaucoup influencé les quelques peintres tiwis qui, depuis les années 1980 (et sur l'initiative d'un des premiers grands artistes de Melville, Declan Apuatimi), les représentent dans leurs œuvres. D'abord réalisées, elles aussi, à l'aide de pigments naturels, elles recourent depuis la fin des années 1980 à la gouache et à l'acrylique qui permettent d'utiliser une palette de couleur plus large. Néanmoins, la majorité de ces peintres déclinent bien les mêmes motifs abstraits qu'on voit sur les poteaux Pukumani, même si certains ont pu créer une imagerie plus figurative inspirée de la faune et de la flore de leur île (cf. par exemple les oeuvres de Thecla et Fiona Paruntatameri qui où des rapaces déploient leurs ailes sur des fonds multicolores faits de bandes reprenant les motifs rituels). Ils s'inspirent aussi, telle Cabrini Wilson, de l'autre grande cérémonie tiwi dite Kulamana – cérémonie féminine destinée à célébrer des rites de fertilité au moment de la récolte de l'igname. Enfin, les artistes tiwis s'intéressent aussi à d'autres techniques artistiques comme le batik (impression sur tissu), la lithographie, la céramique voire la poterie.

LES ARTISTES ABORIGÈNES DE BATHURST ET DE MELVILLE

Les artistes de Melville et de Bathurst sont regroupés aux seins de quelques communautés dont les plus importantes sont à Melville celles de Milikapiti et de Pularumpi. La première regroupe des peintres et sculpteurs qui s'inscrivent dans la tradition des motifs abstraits qu'ils traitent avec des pigments naturels. Dans la seconde s'est spécialisée dans la peinture acrylique et traite ses sujets d'une manière plus figurative. A Bathurst, célèbre pour la coopérative des Tiwis Designs créée en 1969 à Nguiu, les artistes pratiquent surtout le batik et diverses techniques d'impression sur étoffe ou papier sans négliger la sculpture traditionnelle.

 
  Quelques références :
Musée du Quai Branly, Musée des Confluences à Lyon, Musée d'Art Contemporain les Abattoirs à Toulouse,
Musée de la Musique, Museum d'histoire naturelle de Lille, Musée d'Art et d'Histoire de Rochefort, Musée des Arts d’Afrique et d’Asie de Vichy, Fondation Burkhardt-Felder - Musée La Grange à Môtiers en Suisse, Fondation Electricité de France, Fondation Colas, Banque Dexia ...

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