Molly Martin fait partie de l’une des communautés artistiques du désert central australien les plus connues, celle de Yuendumu où, dans les années 1970, la peinture aborigène contemporaine est apparue en même temps qu’à Papunya. Comme la majorité des peintres aborigènes, Molly évoque l'histoire du Temps du rêve - temps de la création pour les Aborigènes - au cours duquel des êtres mythiques (les Hommes-éclairs, le Python arc-en-ciel, l’igname, etc.) ont créé l’Australie et fondé les lois morales, religieuses, spirituelles qui régissent encore la culture aborigène actuelle. Ici, il s’agit du rêve (Jukurrpa) de la Native Seed, ou graine (Ngurlu). Cette graine comestible provient de la Lukarrara, une herbe qui pousse dans le Désert Central. Les Aborigènes écrasent ces graines afin d’en obtenir de la farine avec laquelle ils confectionnent des petits pains.
Les peintres du Désert Central ont recours au "dot painting", ou pointillisme, qui s'inspire des peintures sur sol traditionnellement réalisées à l'occasion de cérémonies rituelles. Cette technique employée savamment par l’artiste confère à son œuvre l’aspect d’une véritable mosaïque dont l’effet vibratoire donne l’idée même de la vie et rappelle que pour les Aborigènes, le Temps du Rêve n’appartient pas au passé, il est avant tout création continue et énergie. |